Atelier art thérapie individuel pour enfant. Argile.

Mathilde me dit pendant l’atelier :  » oh je vais m’endormir« . Je lui demande :  » tu es fatiguée ou tu t’ennuies ? ». Elle me répond :  » Mais noooooon, je me relaxe trop !  » .

Atelier d’art thérapie de groupe en centre de jour traitement des addictions. Collage. 

Je propose du collage aux groupe.Isabelle, elle, peste. Cette femme d’une cinquantaine d’année, plutôt joviale, est toujours très négative envers elle-même. Elle dit toujours, qu’elle est nulle, qu’elle ne sait pas tenir un pinceau et qu’elle ne sait même pas faire un arobase. Là, il ne s’agit ni de tenir un pinceau ni de dessiner. J’observe donc son comportement. Elle souffle, soupire. Elle ne sait pas trop quoi prendre. S’empare d’une feuille blanche A4 en disant que ce sera suffisant. Puis entreprend de faire quelque chose de figuratif : un vase avec des fleurs. Son choix s’oriente vers du papier de soie jaune pour les fleurs et du papier transparent vert pour les feuilles.

Elle commence par découper de longues tiges vertes qui bougent et qu’elle n’arrive pas à coller car c’est très fin et la colle blanche qu’elle met lui colle aux doigts. Elle gémit beaucoup. Puis elle s’attaque au papier de soie jaune pour faire les fleurs. Elle découpe ses fleurs, en forme de fleurs. Puis commence à mettre la colle sur du papier de soie. Le papier se déchire, absorbe la colle…. Elle réessaie.

Je commence à être gênée de l’avoir mis dans une telle posture et regarde la co-animatrice de l’atelier qui me fait signe de la laisser faire. Elle gémit : « ce n‘est définitivement pas pour moi, le collage, je déteste ». Elle peste et dit à plusieurs reprises : « Non mais je n’ai plus qu’à acheter la corde pour me pendre ».

Isabelle dit souvent des choses très violentes à son propre égard. Dans le groupe, les autres réagissent à ces phrases violentes en levant le nez de leur production et certains plaisantent car ils ont l’habitude de l’entendre dire des choses terribles comme celle-ci. Là, je luis dis qu’effectivement le papier de soie est très fin et que pour le coller ce n’est pas simple. Je poursuis en lui montrant qu’avec le papier de soie, on peut également le froisser, que cela fait du volume, ou des formes que l’on peut modeler. Et là, elle me remercie et son regard s’éclaire. Elle se remet au travail en disant : « Ah oui, je peux faire comme cela ! » A la fin de la séance, elle a fait ses fleurs, son vase, ses feuilles et semble assez satisfaite. Il y a beaucoup de vide autour. Elle semble le percevoir en disant il manque quelque chose « mais je ne sais pas quoi ». Pourtant elle est beaucoup plus apaisée que pendant la séance. A la séance suivante, je lui demande si son vase a envie d’être posé sur quelque chose ? Mais auparavant, il se passe un moment extraordinaire. L’atelier n’est pas commencé, elle est assise, regarde son bouquet de fleurs, sourit et le montre à son voisin en disant : « Tu as vu ? C’est pas mal, j’aime bien, je vais rajouter des choses autour ». Le voisin a renchéri : ils la connaissent tous. J’ai cru rêver : c’est la première fois que je l’entends dire quelque chose qui n’est pas négatif envers elle-même. Pour la première fois, elle s’appuie sur les autres membres du groupe, les prenant à témoin, pour dire quelque chose de positif sur elle-même au travers d’un commentaire sur sa production.